A propos de ce blog…

Quatre ans et une centaine de billets après que j’ai commencé ce blog, il était temps que je reprenne cette page, non que ma première présentation soit obsolète, mais je suis rentrée au bercail et Ngisafunda va prendre doucement une autre direction.

Days after day in Johannesburg @MarioPerdroJoaoSoares

Ce blog est né d’une expatriation choisie au pays de Mandela, de 2015 à 2018. J’y suis allée pour suivre mon mari à qui sa société proposait un contrat de trois ans en Afrique du Sud. Connaissant déjà l’Afrique du Sud par des séjours touristiques que nous y avions faits, nous avons accepté. Le dernier de nos enfants quittait le foyer familial pour aller étudier à l’étranger, cela nous a paru une occasion à ne pas rater. J’ai néanmoins exigé de partir avec un visa de travail, redoutant d’avoir à me morfondre au logis. Pour moi, les atouts de Johannesbourg étaient multiples. Elle abritait deux universités de rang international, des théâtres, des cinémas, et un climat imbattable aux dires de ceux qui y habitaient déjà. Et elle avait été le théâtre des affrontements contre le gouvernement totalitaire de l’apartheid. Les nouvelles des affrontements de Soweto ont scandé ma jeunesse et mon adolescence. J’avais envie de découvrir cette ville inhospitalière et mythique.

“Johannesburg is the premier African metropolis, the symbol par excellence of the “African Modern”. It has been, over the last hundred years, along with Sao Paulo, Mumbai, Kuala Lumpur, Shanghai, Seoul and Sydney, one of the critical nodes of Southern Hemispheric capitalism and globalization. The African modern is a specific way of being in the world. As elsewhere in the global South, it has been shaped in the crucible of colonialism and by the labor of race”

Achille Mbembe and Sarah Nuttall
Johannesburg The Elusive Metropolis

Nous avons donc habité une belle maison blanche à Inanda, tout près de Sandton, le centre des affaires le plus riche d’Afrique dit-on et goûté les attraits de la vie aux antipodes. Johannesbourg n’est pas une ville facile, elle est difficile à embrasser. Elle ne s’offre pas comme une évidence au premier coup d’oeil, pas de repère géographique remarquable, et contrairement aux villes récentes d’un autre continent elles n’offrent pas ces quadrillages numérotés qui permettent rapidement de se situer. C’est une “elusive metropolis” comme la qualifient Achille Mbembe et Sarah Nutall. Est-ce pour cela qu’on en revient toujours à ces inégalités tape-à-l’oeil et à l’insécurité?

J’ai décidé d’apprendre le zoulou, et de fréquenter les séminaires gratuits des universités et autres conférences organisées par des ONG ou des médias. J’ai beaucoup lu. C’est fou le temps qu’on se redécouvre quand les enfants sont partis et que les tâches ménagères sont assumées par du personnel domestique! J’ai lu la presse, les romanciers locaux, les travaux de chercheurs. J’ai cherché du travail, j’ai fait du bénévolat pour une Sizanani Mentors, une association qui s’occupe de mentorat pour les lycéens d’Alexandra, le township le plus proche de Sandton, et j’ai créé Work In the City Johannesburg réseau de femmes expatriées pour mieux comprendre les ressorts de l’insertion professionnelle dans ce pays complexe, et puis je me suis lancée dans ma propre recherche qui m’a entraînée hors des circuits habituels pour les expatriées.

Cela a été une aventure extrêmement riche. Les nombreuses rencontres m’ont ouvert les yeux sur les réalités de ce pays très divisé. Ce blog a été, pendant les quatre premières années, un produit de mes étonnements quotidiens, de mes lectures, de mes rencontres, autour d’un continent où j’ai grandi et auquel je garde un attachement viscéral.

Ngisafunda, qu’est-ce que ça veut dire? C’est une forme verbale zouloue qui signifie “j’étudie encore, je lis encore”. Lorsque Sipho (un vrai cadeau, comme son prénom l’indique), m’a dévoilé cette expression, elle m’a enchantée. Je l’ai tout de suite adoptée comme mienne. C’est rare de se reconnaître dans une forme verbale. Lire et étudier, c’est, à peu de chose près, ce que j’ai fait toute ma vie.

Ma formation de sociologue m’a appris à me méfier des évidences, les billets de ce blog se nourrissent de mes lunettes sociologiques pour essayer de ne pas trahir, simplifier, travestir, ce pays d’accueil pour lequel nous avons eu un coup de foudre. La majorité des cents premiers billets de ce blog raconte cette rencontre avec la réalité de ce pays.

Ce blog m’a permis d’affiner mon écriture, ma réflexion, et m’a valu quelques quarts d’heures Warholiens, en étant sollicitée par des chaînes d’information pour parler de ce pays que j’aime tant.

Quels seront les axes des prochains billets? Je ne sais pas, j’apprends encore, Ngisafunda! Ngisabhala, j’écris encore, peut-être? Et je continue à raconter les histoires qui me touchent, et offrir des pistes de réflexion sur un monde qui ne finit pas de nous interpeler…

J’espère que vous aurez du plaisir à parcourir mon blog. N’hésitez pas à me faire des retours en commentaire, cela fait toujours plaisir!