#ScienceMustFall… de la décolonisation de la science…

Vers une épistémologie africaine? Le débat fait (o)rage…

Le feuilleton des manifestations dans les universités n’est toujours pas achevé, mais il s’est enrichi d’un épisode intéressant le week-end dernier et a enflammé les réseaux sociaux sous le mot-dièse #ScienceMustFall. L’une des revendications des étudiants, au delà de la gratuité des frais de scolarité, est en effet, depuis le début du mouvement, de susciter une décolonisation du savoir dans les universités, que ce soit par la modification des curriculum ou la revendication d’une science africaine. Le Vice Chancellor de l’Université de Cape Town (UCT), qui prône le dialogue, a laissé organiser dans son université une session de débats avec les étudiants “Fallists” pour faire progresser la compréhension entre les parties. La partie du débat la plus médiatisée (environ 4mn) figure ici. On y voit une jeune Fallist prendre la parole pour énoncer comment elle s’y prendrait pour “décoloniser la science” et exprimer son mépris et sa défiance de la science occidentale dont elle veut faire table rase pour construire les bases d’une science africaine. Ceux que ça intéresse pourront trouver la transcription de son argumentation à la fin de ce billet, car j’ai trouvé important de reproduire ses propos pour mieux comprendre ce qu’il y a derrière ce mouvement de #ScienceMustFall.

Les réactions, on s’en doute, ont été assez vives, plutôt pour critiquer le discours de l’impétrante qu’on peut, à première vue qualifier de délirante, d’ubuesque voire de comique, rappelant les meilleurs passages de Molière sur le charlatanisme. L’oratrice, très vindicative s’en prend d’ailleurs à Newton, et à sa pomme, qu’elle accuse de totalitarisme. Selon elle, sur la seule foi d’une chute dudit fruit, Newton aurait inventé une équation qu’il aurait, en quelque sorte, contraint tout le monde à adopter. Elle oppose à la science “totalitariste” occidentale le savoir africain que la science occidentale ne peut expliquer: par exemple le pouvoir de sorciers zoulous pouvant faire tomber la foudre sur de cibles désignées. Les réactions exploitent donc ces éléments pour discréditer la revendication des fallists. On a eu droit à une avalanche de tweets amusants ou méprisants. Les plus drôles étant “obviously you don’t understand the gravity of the situation”, et une citation d’Arthur Miller (qui s’y connaissait en stupidité, il avait épousé Marilyn) “the two most common elements in the world are hydrogen and stupidity”.

 

D’autres déplorent le niveau d’éducation qui fait qu’on peut avoir son Matric (examen final de l’enseignement secondaire) avec 30% de réussite aux épreuves. D’autres encore accusent les Fallists d’être de dangereux gauchistes fomentant une révolution retournant ainsi l’accusation de tentation totalitariste. Curieusement je n’ai pas lu beaucoup de tweets de défense des théories de l’oratrice. En tout cas la question de décolonisation du savoir est une question intéressante et qui mérite d’être posée, plutôt que d’être écartée d’emblée. C’est d’ailleurs le but de réunions régulièrement organisées dans les facultés. J’ai assisté à plusieurs séminaires, à Wits comme à UJ (University of Johannesburg) où cette question revenait, mais où le débat semblait hélas aussi impossible que dans la vidéo du 12 octobre.

Après ces propos liminaires, je vais donc essayer de poser quelques réflexions, je l’espère éclairantes, sur la vidéo, la discussion, et sur la science.  Ayant été formée à la sociologie des sciences et techniques, le sujet d’une épistémologie africaine ne peut m’être indifférent. Précision méthodologique: je n’ai pas réussi à trouver l’intégralité du débat en vidéo, ce qui fait perdre des éléments de contexte et donc de signification à cette tirade. Les personnes qui ont mis en ligne ces extraits ont pu effectuer des coupures sur ce qui se passe avant ou après et qui auraient pu être précieux. Y-a-t’il eu une autre réponse à cette tirade que celle, réprimée, du jeune homme qui questionne la véracité de l’anecdote des jeteurs de foudre? La modératrice du débat a t’elle accepté de prendre des questions? Quelles étaient ses questions? En l’absence de ces éléments, il est difficile de savoir si cette vidéo a été mise en ligne pour discréditer le mouvement où si elle reflète le reste du débat.

Ces quelques minutes de vidéo appellent les commentaires de plusieurs ordres. Tout d’abord il est intéressant de se pencher sur ce qu’est la science “occidentale” et comment elle s’est constituée, puis sur l’espace de discussion comme un espace d’élaboration de la science, et enfin sur ce que pourrait signifier une épistémologie africaine.

Une commentatrice (médecin de son état) déplorait sur twitter qu’on perde du temps à débattre de sociologie de la science plutôt qu’à enseigner son contenu, arrivant de ce fait à l’ignorance crasse (“ignorantus, ignoranta, ignorantum” clamait le Médecin Malgré lui de Molière) démontrée par l’oratrice de #FeesMustFall. Il se trouve que je pense qu’au contraire, une compréhension des conditions de naissance des sciences ne nuit pas à l’apprentissage de leurs résultats. Et la distinction sémantique que la présentatrice fait elle-même entre la science qui est vraie (true) et la science africaine qui résulte de ce que certains croient (believe) que les sorciers font tomber la foudre lui révèlerait, si elle y réfléchissait quelques secondes, ce qui fait la différence entre la science et la non-science.

La science s’est construite dans un projet émancipateur, celui de connaître les lois qui régissent le monde et de libérer les individus du poids des croyances. C’est vrai qu’après la Renaissance elle s’est essentiellement construite dans l’espace occidental, mais auparavant elle doit l’algèbre et un certain nombre de notions mathématiques clés aux civilisations arabes et indiennes. On peut également concéder que certaines innovations issues des connaissances scientifiques ont pu servir à soumettre les continents et opprimer des peuples. Comme l’écrivait Marcel Pagnol: “il faut ce méfier des ingénieurs, ça commence par la machine à coudre, et ça finit par la bombe atomique”.

La prise à partie d’Isaac Newton et de la théorie de la gravitation qu’il aurait imposée à tout le monde part d’une représentation erronée de la science qu’on peut sans doute mettre sur le compte des lacunes de l’enseignement secondaire local. Isaac Newton ne s’est pas contenté de croire qu’il y avait une force appelée gravitation qui faisait immanquablement choir la pomme ou tout autre objet/sujet, qu’il soit noir ou blanc, s’il n’y avait d’autres forces qui s’exerçaient en sens contraire, mais il a dû la démontrer. Il s’inscrivait par ailleurs dans toute une tradition qui d’Aristote à Kepler en passant par Galilée cherchaient à expliquer le mouvement des astres. Et les écrits de Newton montrent ses errements.

newton

Ce qui a démarqué le fait scientifique de la croyance, c’est un système de vérification, qui a pu varier au cours des siècles, de la démonstration en public au jugement de groupes de scientifiques. C’est ainsi qu’on a pu départager les scientifiques des charlatans. Au coeur de la démonstration scientifique, il y a une démarche identifiable de vérification approuvée par des acteurs du champ scientifique. La controverse scientifique est une des figures des grandes découvertes scientifiques qui ne sont souvent pas, comme les images d’Epinal aiment à les dépeindre, l’objet de révélations immédiates, mais le sujet de longues discussions, de réfutations, en témoignent les nombreux échanges de lettres de Newton avec les scientifiques de son époque.

Donc loin d’être un travail solitaire, le travail scientifique engage des discussions, des controverses, des réfutations et des vérifications. De nos jours les revues scientifiques sont un des espaces de discussion où se fait la science. Ce sont des espaces imparfaits, mais ouverts à la critique. L’ouverture de l’espace de discussion semble problématique dans la vidéo de #ScienceMustFall. Le panel, organisé par les étudiants en accord avec l’université, n’était pas simplement consacré à la science mais à toutes les revendications des étudiants “fallists”. Des règles de discussions avaient été édictées, évoquées implicitement par la modératrice qui rabroue l’étudiant intervenant après l’évocation des sorciers du Kwazulu Natal commandant la foudre. L’une des règles était a priori que le débat devait être:  un espace sûr et non antagonique (“a safe, non-antagonizing space”). Le résultat de cette règle est de laisser formuler des énoncés même fantaisistes qui ne peuvent être réfutés. Il ne s’agit donc pas d’un débat mais d’une exposition d’opinions, ou d’idées sans aucun principe hiérarchisant que l’applaudimètre. La vidéo montre bien au premier rang devant la table où figurent les intervenants (tous étudiants et en majorité noirs), des jeunes gens applaudissant et s’esclaffant bruyamment de la véhémence avec laquelle la jeune femme propose de faire table rase de la science occidentale. En revanche, en arrière plan d’autres étudiants (à majorité blancs) restent comme pétrifiés pendant toute la diatribe. En aucun cas cet espace ne pourrait permettre de bâtir une épistémologie africaine, car le “safe, non-antagonistic space” contraint de fait les contradicteurs au silence sous le motif du respect de l’autre.

La question de la décolonisation des sciences ne doit pas être prise à la légère et disqualifiée du fait du discours aberrant de l’oratrice de #sciencemustfall. Les travaux de sociologie/d’anthropologie des sciences et techniques ont montré que les environnements de production des faits scientifiques pouvaient introduire des biais. La racialisation des africains doit sans doute beaucoup à la construction de l’anthropologie au dix-neuvième siècle. Le partage nature/culture où le non-occidental était systématiquement placé du coté de la nature et l’occidental du côté de la culture a pu influencer des questions et des démarches de recherche. Il serait bon de réinterroger une partie des données scientifiques à l’aune de ce savoir. Avec quelle(s) méthode(s)? Probablement pas en y opposant des croyances, mais en engageant de véritables discussions contradictoires, en proposant des critères de validation/réfutation.

 

Transcript discours de #ScienceMustFall (short version 2:20mn)

Meeting organized in UCT on October 12th with Fallist students. Short exerpt from a 2 hours meeting.

« I was actually thinking of that… cause I think it was going to be one of the questions. How do we even start to decolonize science ? Because science is true because it is science and you know what can you do ? And my response to that was if I personnaly was committed to enforcing decolonization science as a whole is a product of Western Modernity and the whole thing should be scratched off (laughs in the room) and so if you want… you can want pratical solutions to how to decolonize science, we’ll have to restart science from… I don’t know an African perspective, from our perspective our lived experiences. For instance I have a question for all the sciences people, there is a place in KZN in (…) and they believe that through the magic, the black magic… you call it black magic, they call it witchcraft, you are able to send lightning to strike someone (rumour) so can you explaining that scientifically because that it is something that happens (a voice in the room : « It’s not true ! », interruption. The debate moderator asks the dissenter to apologize to the speaker and reminds him the house rules that they all have agreed on for the sake of debate. He must not disrespect the sacred space of debate. The dissenter apologizes and the speakers says that is the reason why she did not choose science at university)… but Western modernity is the direct antagonistic factor to decolonization because Western knowledge is totalizing. They say that it was Newton and only Newton who saw an apple falling and then out of nowhere decided that gravity existed and created an equation and that was it for the rest of … whether people knew Newton or not, or whether (inaudible) that happened in Western Africa or Northern Africa the thing is the only way of explaining gravity is through Newton who sat under a tree and saw an apple fall. So Western modernity is the problem that decolonization directly deals with, to say that we are going to decolonize by having knowledge that is produced by us, that speaks to us, and that is able to accommodate knowledge from our perspective. So if you are saying that you disagree with her approach it means that you are vested in such a way that you yourself still need to go back, internally, decolonize your mind . Come back and say how can I relook at what I have been studying all these years because Western knowledge it’s very pathetic to say (inaudible) I from a decolonized perspective believe we can do more as knowledge producers as people who were given the benefits of reason or whatever… or what people say when we think or rationalize. So decolonizing the science would mean doing away with it entirely and starting all over again to deal with how we respond to environment, how we understand it. »

#feesmustfallreloaded … malaise dans les universités sud-africaines

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Fresque de @NelsonMakamo sur un mur de Maboneng

Le second semestre de l’année 2016-2017 dans les universités sud-africaines promet d’être aussi agité que celui de l’an dernier. Ce qui a mis le feu aux poudres? L’annonce du ministre de l’éducation Blade Nizimande que c’était aux universités de proposer leur politique d’augmentation des frais de scolarité pour l’année 2017-2018, que celle-ci néanmoins ne pourrait excéder 8%, mais que le gouvernement s’engageait à compenser pour les plus démunis cette hausse et faisait aussi un geste vers les classes moyennes les moins favorisées. Peuvent désormais prétendre à un prêt NFSAS les étudiants venant de familles percevant un revenu annuel de moins de 600 000 rands ce qui fait en gros 40 000 euros, ce qui correspond à un salaire de fonctionnaire de police, d’enseignant ou d’infirmière.

Ces propositions n’ont pas satisfait les étudiants des syndicats “fallist” (donc pour la gratuité de la scolarité) qui ont donc entamé une série de manifestations plus ou moins contrôlées pour forcer les universités à renoncer à demander des droits de scolarité. Les étudiants de Wits sont descendus manifester dans les rues de Braamfontein, autour du campus. Une caractéristique des manifestations étudiantes, ici comme ailleurs est la violence qui leur est attachée, dont on a du mal à savoir quelle est la part due aux interventions brutales de la police et des équipes de sécurité privée sécurisant les universités. Des photos circulent sur les réseau sociaux représentant des étudiants blessés suite à des confrontations plutôt rudes avec les forces de l’ordre (publiques ou privées). La vidéo qui a circulé en ligne ce 28 septembre sur la confrontation entre des jeunes et des policiers autour de l’université de Rhodes montre la violence des échanges. On comprend que les étudiants aient peur, et l’on voit des policiers peu sereins et semblant peu formés à la gestion de ce type de crise. Des passants semblent interloqués et s’interposent. Et une femme policier finit par dire à l’une d’elles qu’elle est là pour la protéger, elle et ses biens et éviter que sa voiture ne finisse criblée de pierres. Il faut dire que les actions des étudiants des semaines passées ont aussi endommagé des biens collectifs au sein des universités, une bibliothèque à l’université du Kwazulu Natal, des voitures et des salles de cours ailleurs, endommagé des locaux, et causé la mort d’une agente de maintenance dans une résidence pour étudiants de Wits.

Les campus de quatre universités sont désormais fermés: l’université de Cape Town (UCT), Wits University, l’université du Free State et l’université du Limpopo. L’université de Prétoria n’est pas techniquement fermée mais a décidé d’obliger les étudiants à prendre maintenant les vacances prévues en octobre… Le secrétaire général de l’ANC Gwede Mantashe a laissé paraître son agacement vis à vis des étudiants manifestant, les traitant d’enfants gâtés et proposant qu’on ferme les universités pendant 18 mois pour leur apprendre. Dans une tribune reprise par le Mail & Guardian, Achille Mbembe, professeur à Wits a rappelé les précédents africains de ce genre d’attitude et comment ils ont abouti en Afrique centrale à une destruction des universités publiques pour le plus grand profit d’universités privées que les étudiants les plus pauvres n’ont pas les moyens de s’offrir. Dans un pays dont le coefficient de Gini a augmenté depuis l’avènement de la démocratie, ce ne serait pas une bonne nouvelle.

En tant que française, ayant biberonné au mythe de l’égalité républicaine, il m’est toujours difficile de concevoir que dans un pays comportant de telles inégalités on puisse demander des frais de scolarité aussi élevés à des étudiants. Les frais de scolarité pour une année scolaire (sans logement ni bouquins ni nourriture) sont autour de 50 000 rands ce qui est hors de portée de beaucoup de gens. Le gouvernement finance les frais des plus pauvres et propose des emprunts NFSAS à une partie des autres (les bénéficiaires de ces exemptions/prêts NFSAS seraient 600 000 l’an prochain) ce qui n’est pas négligeable à première vue. Cependant, il faut ajouter aux frais de scolarité les frais de logement et les frais d’entretien (repas) ainsi que l’acquisition d’un ordinateur et de livres de cours. Ce qui double pratiquement la facture. Pour les étudiants ne pouvant vraiment pas se permettre la location d’une chambre dans une résidence près du campus, les frais de transports sont un poste important, les villes sud-africaines n’ayant pas fait le choix de systèmes de transport public sûrs et abordables. Par ailleurs, l’urbanisation qui n’a pas été fondamentalement redessinée depuis la fin de l’apartheid fait que ces étudiants habitent en grande périphérie ce qui augmente le temps et le coût du transport. Et in fine peut avoir un impact sur la réussite de leurs études.

Leur situation, bien que d’une autre époque, est bien décrite par Niq Mhlongo dans son roman “dog eat dog” qui raconte la première année d’un étudiant pauvre de Soweto à Wits au moment de l’élection de Mandela. Tiraillé entre sa vie d’étudiant dépendant entièrement pour ses études du financement de sa bourse par l’université, et sa vie à Soweto avec ses copains qui vivent d’expédients et d’alcool, Dingamanzi essaie de négocier tant bien que mal son maintien dans une trajectoire qui le sortira de l’emprise de la seule nécessité. Il joue sans vergogne des failles du système et de la mauvaise conscience de l’encadrement pour poursuivre ses études, jamais complètement à son aise entre ces deux mondes. Les universités ont donc des efforts à faire pour tenir compte des difficultés de ces étudiants.

Les possibilités de la résolution de la crise dans les universités semblent bien minces. Certains y voient les signes avant-coureurs du déclin des universités sud-africaines. Le Vice-Chancellier de Wits conduit aujourd’hui un referendum par Internet pour demander aux étudiants s’ils sont pour la reprise des cours lundi après deux semaines de blocage, sachant que si les cours ne reprennent pas, la fin d’année et l’organisation des examens risquent d’être compromis et pour certains il ne peut être question de recommencer une nouvelle année. Les leaders du SRC (Student Representation Council) qui représentent les étudiants dans les instances de direction de l’université réfutent par avance toute légitimité à cette procédure, et donc n’avaliseront pas la reprise des cours sur la base de ses résultats. A Rhodes University, le dialogue administration/étudiants semble mal engagé après les violences d’hier. Les revendications des étudiants ne portent toujours que sur la suppression (et non la réduction) des frais de scolarité pour tous, ce que l’étroitesse de marge de manoeuvre sur les choix budgétaires du gouvernement sud-africain ne saurait permettre, à moins que des arbitrages drastiques ne soient faits. L’éditorialiste Max du Preez remarque d’ailleurs dans une tribune publiée ici que le gouvernement pourrait certainement, s’il renonçait à certains grands projets, et récupérait l’argent se perdant dans les méandres du favoritisme et de la corruption, trouver de quoi financer un enseignement supérieur gratuit. Mais si le gouvernement arrivait à dégager une telle somme, au nom de quoi faudrait-il l’attribuer en priorité à l’enseignement supérieur alors qu’il existe encore des cas d’extrême pauvreté, un taux de chômage record, surtout chez les jeunes n’ayant pas atteint le niveau de fin de scolarité dans le secondaire.

Epilogue 1: 14 octobre 2016

Après 15 jours, les cours ont été interrompus dans plusieurs universités, dont celle de Cape Town, le Vice-Chancellor ne se résolvant pas à faire intervenir la police contre les étudiants et préférant arriver à une solution négociée. Il a été pris à partie un peu brutalement par des étudiants aujourd’hui. L’université devrait rouvrir ses portes à la fin du mois, faute de quoi l’année universitaire risque d’être irrémédiablement perdue, ce qui entraînerait des conséquences non négligeables pour les étudiants les plus vulnérables, n’ayant pas les moyens de refaire une année, ou pour les “matriculants” espérant entrer à l’université à la rentrée prochaine. Le Vice-Chancellor de Wits, soutenu par une partie des universitaires, a décidé de rouvrir son université lundi dernier, moyennant une présence sécuritaire accrue aux abords et sur le campus. Les véhicules de police (surnommés Hippos) stationnés sur le campus rappellent le souvenir sinistre des kasspirs, ces véhicules blindés utilisés par le régime de l’apartheid pendant l’état d’urgence pour “sécuriser” les townships où la jeunesse devenait incontrôlable. Les étudiants et la direction de Wits se battent à coup de communiqués, mais pas seulement, certains étudiants protestataire arrivant à déjouer la surveillance pour introduire des “petrol bombs”, briser des vitres et incendier des poubelles. Fin d’année universitaire chaotique quoi qu’il en soit. Et pour couronner le tout, le président Zuma a décidé de créer une commission ministérielle de réflexion sur la résolution de la crise universitaire dont il a exclu, alors que les premières revendications des étudiants portent sur le financement des études, le ministre des finances Pravin Gordhan, dont il souhaite se débarrasser car ce dernier lutte contre le népotisme dans la gestion des entreprises para-étatiques dont les proches du président Zuma ont eu tendance à profiter des largesses par le passé…